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Les russes annoncent avoir découvert un procédé révolutionnaire de neutralisation des déchets nucléaires !

 

Cette annonce a été publiée en effet dans trois articles :

le 28 mai 2010

puis le 8 juillet 2010

et enfin le 1 septembre 2010

Quelques explications et un début de réponse...

Même pour les néophytes, l'idée d'enfouir des déchets hautement radioactifs à 350°C, dans le sous-sol, et sans aucun conditionnement semble saugrenue. Comment être certain qu'il n'y aura aucune migration, donc aucune contamination future en surface !

De nombreux scientifiques et de simples citoyens animés d'un minimum de bon sens considèrent déjà les projets "hexagonaux" de l'ANDRA , comme une folie, voire un crime contre l'humanité. L'ANDRA projette en effet d'enfouir en grande profondeur les déchets radioactifs, conditionnés dans des colis en acier et en béton, à 200 m dans l'Aube, et à 500 m à Bure (Haute-Marne/Meuse) - selon la catégorie.
 
Voir le projet FA-VL (déchets Faible Activité et à Vie Longue) :

Voir le projet MA-VL/HA-VL : MA-VL (déchets Moyenne Activité et à Vie Longue) et HA-VL (déchets Haute Activité et à Vie Longue):


Interrogée sur ce projet russe, une physicienne nucléaire du GSIEN fait ce commentaire :

Ce communiqué n'a rien de surprenant. En effet les Russes se positionnent sur le marché :
-    Ils acceptent de stocker à Tomsk l'uranium appauvri de retraitement produit par AREVA.
-    Ils fournissent des réacteurs au monde entier (Iran , Inde , Turquie ...) - et même des centrales nucléaires flottantes ... nomades !

Cela fait des années qu'on voit sortir des projets plus ou moins surréalistes. Et parfois cela dépasse le stade des élucubrations de comptoir de bistrot. Il y a en effet des budgets pour pousser ces investigations, tant le problème de la gestion des déchets est le talon d'Achille des programmes nucléaires.  

Ce style de communication "scientifique" n'est pas nouveau, souvenons-nous des avions renifleurs, de la fusion froide ...

En matière de déchets nucléaires tous les "coups" sont permis pour faire croire que le problème est réglé.

Les soviétiques avaient enfouis des déchets dans des conditions incontrôlables, ce qui a provoqué la catastrophe de Kychtym en 1957-58, révélée par Jaures Medvedev en 1976 - voir également "Les jeux de l'atome et du hasard " par Jean Pierre Pharabod et Jean Paul Schapira, ed Calman Levy).

Les américains ont fait n'importe quoi à Hanford, puis ils ont proposé d'injecter des déchets dans des formations salines, sous forme d'un coulis de ciment. Mais ils ont eu d'énormes problèmes avec des dépôts dans le sel. En théorie, les formations salines sont à l'abri d'une intrusion d'eau - la preuve, c'est qu'elles existent encore aujourd'hui ! - mais dans leur cas, à quelque distance, il y a eu une exploitation de sel faite par injection d'eau.....

Toujours pour le sel, il y a plus récemment la mine de Asse en Allemagne : une véritable catastrophe écologique : 126 000 fûts qui vont finir par flotter dans la saumure !

Dans le plus folklorique encore, il y a eu un procédé consistant à mettre des atomes radioactifs dans un champ électrique ultra puissant afin que les orbites électroniques soient rapprochées du noyau, permettant ainsi une capture d'un électron par le noyau, donc de faire une transmutation. C'était beau comme l'antique. Le brevet de ce procédé a même été proposé à la vente au gouvernement suisse. Les contre-vérités ont été mises à jour, et cela a permis au gouvernement fédéral suisse de faire des économies !
 

Alors que penser de ce "procédé révolutionnaire" russe ?

Les Russes déclarent : L'expérience a montré que la chaîne des réactions chimiques conduit à la formation, à partir des déchets radioactifs, de combinaisons stables et de gisements géologiques miniers d'origine hydrothermale. Dans ces conditions naturelles, les déchets s'associent dans des ensembles géologiques localisés, inoffensifs pour la biosphère, affirment les auteurs du projet. Autrement dit, l'opération consiste à restituer à la nature ce qu'on lui a pris.

Au Kamtchatka et dans les îles Kouriles, on a mis en évidence une combinaison unique de pression, de températures et autres facteurs, qui activent des processus géochimiques naturels de dépôt des sels de métaux lourds dans ce que l'on appelle les "zones de transition profondes". Et la réaction se produit en quelques heures. Ce système, assure Alexandre Vaïner, a une capacité permettant "d'enfouir tous les déchets radioactifs de tous les pays du monde".


C'est du même acabit que l'injection sous forme d'un coulis de ciment. Les  "combinaisons stables" vont se trouver dans des zones géothermiques, et rien ne garantit qu'il n'y aura pas de lixiviation , puis de migration . D'ailleurs, ils font leurs essais (en inactif) sur une île - 'île de Paramouchir, dans les Kouriles. ( Détail : l'île possède 5 volcans actifs !!! ) En cas de problème, les fuites se dilueront dans la mer ! Et on sera revenu à la vieille idée de tout rejeter à la mer pour profiter d'une dilution maximale.... Et après nous, le déluge.

D'ailleurs, le texte contient un vieil argument. "Autrement dit, l'opération consiste à restituer à la nature ce qu'on lui a pris". Cet argument a déjà été employé pour justifier le stockage de combustibles irradiés dans une ancienne mine. On se contente d'y remettre ce qu'on y a pris, et comme, en plus, on a brûlé une partie de l'Uranium (235 et 238), c'est tout bénéfice, cela diminue la quantité d'origine.

Le contre argument qui a démoli ce joli scénario est celui de : "Comment se fait-on un café ? ". On ne fait pas le café directement avec du café en grain, mais après l'avoir moulu. Sinon la surface de contact serait trop faible pour extraire les composantes du café. Pour le minerai d'uranium, c'est la même chose. Quand il est bloqué dans sa structure géologique il se déplace très peu, mais quand il a été réduit en poudre, il offre une immense surface de contact pour être dissous.

Dans leur idée, les Russes pensent que les "combinaisons stables" seront insolubles (ce qui est sûrement faux, car il y a autant de chance d'en avoir des solubles que des insolubles) et qu'en aucun cas il n'y aura de retour dans l'écosystème.

Mais leur forage d'injection est lui-même une zone de perte d'étanchéité. Voir l'accident de Deepwater Horizon dans le golfe du Mexique, mais aussi ce forage près de Java qui a produit un jaillissement de boue,  qui, depuis plusieurs années, ne s'est toujours pas arrêté.  "Le volcan de boue de Sidoarjo , que les Indonésiens appellent Lusi pour Lumpur Sidoarjo (« boue de Sidoarjo ») ou lumpur Lapindo (d'après le nom de la société pétrolière dont le forage pourrait avoir provoqué la catastrophe, PT Lapindo Brantas), est une éruption continue de gaz et de boue, située dans la province orientale de l'île de Java en Indonésie, à environ 20 kilomètres au sud de Surabaya, la capitale provinciale. Ce phénomène, considéré comme un volcan de boue, a débuté le 22 mai 2006 et depuis éjecte 50 000 m3 de boue par jour, ayant déjà recouvert plus de 25 km² (à décembre 2007) et plusieurs villages. L'éruption, encore mal expliquée, risque de continuer pendant un temps qu'on ne peut déterminer et à ce jour, tous les efforts pour l'arrêter ont échoué."

"D’après certains géologues, de l’eau réchauffée et pressurisée dans le manteau terrestre s’échapperait d’une poche gigantesque. Lors de sa remontée dans des fissures, elle se chargerait de sédiment et d’argile, formant a la sortie une boue et des vapeurs toxiques. De tels phénomènes sont assez rares et peu étudiés.

Il existe des précédents, en Azerbaïjan où le Lokbatan a craché de la boue pendant 30 minutes, alors que son voisin, le Koturdag est lui en activité depuis 1950 ! Le débit étant faible il n’a recouvert que 0,3 km2. Quant à savoir ce qui a, en l’occurrence, provoqué la remontée de cette masse d’eau, personne n’a réussi à trancher entre la catastrophe naturelle et l’erreur humaine.

Deux jours avant que la boue ne remonte, un tremblement de terre d’une amplitude de 6.3 sur l’échelle de Richter s’est produit à 250 km au sud ouest. D’après Oliver Dequincey, chercheur a l'ENS Lyon, l’éruption serait due à “une surpression naturelle importante dans une région propice de subduction associant volcanisme, compression tectonique et hydrothermalisme”.

Près du cratère, où s'élève une fumée blanche, on aperçoit une usine submergée. Les quelques pompes dispersées ici et là, paraissent dérisoires comparées à l'ampleur du phénomène. Mais l’homme pourrait bien avoir provoqué cette catastrophe. Le jour de l’éruption, l’entreprise de forage Lapindo Bantas - liée au gouvernement indonésien - prospectait dans la zone à la recherche d’hydrocarbures. Lors d’un forage à 2800 mètres de profondeur, une tige a heurté la chambre du volcan créant un lien entre l’eau pressurisée et la surface. Une première éruption de vapeur et d’eau a eu lieu. Cinq jours plus tard le volcan s’est mis à cracher de le boue a une température de 70-100°C. L’entreprise est mise en cause puisqu’elle a négligé les consignes de sécurité idoines. Elles consistent à revêtir les tiges de forage d’un tubage pour l’isoler de l’extérieur. Et éviter ce genre de désagrément."
Source : Science.blog.lemonde

Heureusement qu'on ne s'était pas amusé à y injecter des produits radioactifs ... sinon, ils remonteraient.

Autre couplet "gratiné" de ce communiqué :
" ...estime qu'un système tel que celui de Paramouchir permettrait de neutraliser une centaine de tonnes d'uranium par an, ainsi que des déchets radioactifs..."
Une centaine de tonnes... c'est ce qu'on décharge de 3 réacteurs de 1 GWe par an. Il y a environ 450 réacteurs dans le monde, donc il ne faudrait que 150 emplacements (îles de préférence) ayant les caractéristiques ad hoc, pour gérer tous les déchets nucléaires de la planète.

Les déchets servent également de justificatif supplémentaire pour les RNR Na (4eme génération de réacteurs à neutrons rapides refroidis au sodium - genre Super Phoenix), réacteurs qui sont sensés détruire les actinides, et autres produits ... sans en produire !!! - Une illusion ?

Enfin nous l'avons signaler : la région de Kamtchatka et des îles Kouriles est activement volcanique !

Yucca Mountain aux USA, aussi me direz-vous…

Russes et Américains feraient-ils un concours d'apprentis sorciers et prendraient-ils les habitants de la Terre pour des imbéciles.

L'ANDRA interrogée sur cet article, n'a bien sûr fait aucune réponse…

Charlotte MIJON, porte parole de Sortir du Nucléaire a fait ce commentaire :

La proposition russe consiste donc simplement à poursuivre dans la voie de restitution des déchets à la nature...  On a prouvé que l'on savait déjà très bien faire cette restitution :
 - en laissant percoler sur place les millions de tonnes de déchets concassés des mines d'uranium (alors que la radioactivité était piégée dans la roche depuis des millions d'années),
 - en rejetant les déchets radioactifs en mer depuis la terre comme à La Hague
 - etc...

 Dans les nouveautés :  
 - les hautes pressions du magma évoquées pourraient bien nous pulvériser  la "soupe radioactive" à la figure comme la démonstration vient d'être faite avec le pétrole dans le Golfe,
 - après nous avoir raconté que les déchets des centrales d'Edf étaient stockés en Russie pour réutilisation, ils ne seraient donc aujourd'hui tout juste bons à être injectés dans le magma,
 - les déchets retirés des REP ne correspondent plus du tout à ce qui a été retiré de la nature : un millier de radioéléments artificiels sont créés dans le cœur...
 
 Faute de solution aux déchets nucléaires, la proposition de rendre à César ce qui appartient à Jules ne constitue en fait qu'une nouvelle image d'Epinal : cette dernière se révèle indispensable à la poursuite de l'atome suite à la fin  du mythe du nucléaire comme solution à l'effet de serre..

Mise en forme par Michel GUERITTE

09/09/2010

 

 

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