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Le démantèlement

de la centrale nucléaire de Brennilis,

la centrale qui ne voulait pas s'éteindre…

 

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1959 - 1985

Brennilis : une petite centrale de 70 MW qui a très peu servi.

En 1959, EDF et le CEA (Commissariat à l’Énergie Atomique) décident de construire une centrale nucléaire expérimentale à eau lourde, pouvant produire de l’électricité et fournir du plutonium de qualité militaire. 

Brennilis vu de la flotte

 

Brennilis, site lacustre permettant l’accès à l’eau nécessaire au refroidissement, est choisi par le chef de l'état, le Général de Gaulle. Plantée en plein milieu des Monts d’Arrée, au lieu-dit des Portes de l’Enfer, la nouvelle centrale va symboliser l’entrée de la Bretagne profonde dans la modernité !  

Brennilis démarre son activité le 23 décembre 1966.

En 1968, le réacteur est arrêté pour 18 mois, à cause d’échangeurs de chaleur défectueux.                     Marcel Boiteux, directeur général d'EDF, annonce que la filière française sera abandonnée au profit de l’américaine, dite à eau pressurisée. Un succès du lobby américain : Brennilis est donc déjà obsolète.... Durant toutes ces années, une vision positive du nucléaire qui apporte de nombreux emplois et une activité économique a fait l'objet d'un large consensus dans la population locale. Mais les centrales ne sont pas faites pour durer.... Après avoir fonctionné à petite vitesse pendant 20 ans, celle de Brennilis cesse définitivement toute activité le 31 juillet 1985  

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1985 - 1994

Une reconversion économique ratée.

Après l’arrêt du site, la reconversion économique était attendue et suscitait beaucoup d'espoir... Le maire de Brennilis, élu en 1989, Olivier Herry, un ancien du CEA était particulièrement bien placé pour négocier cet "après nucléaire". Des projets, il n’en manquait pas…Ils sont hélas restés sans suite... Cinq ans plus tard, Olivier Herry démissionnait de son poste de maire et n’hésitait pas à accuser : sur les 13,5 millions d’aides attribués par EDF et le CEA, un million seulement était arrivé jusqu’à Brennilis, le reste s’était "évaporé"... Bien sûr quelques emplois avaient été sauvegardés grâce à la Centrale. Quelques restaurants et petites entreprises locales avaient pu poursuivre leur activité. De nombreux hébergeurs remplissaient leurs gîtes en période creuse. Mais cette activité, ainsi que les quelques PME qui occupent aujourd’hui les lieux sont loin de remplacer l’activité ancienne.

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1994 - 2007 

Une première étape de démantèlement.

Un "confinement sûr" de l'ancienne centrale, sous un mausolée ou un sarcophage, n'était pas envisageable, pour des raisons liées à la nature du sous-sol (faille sous le réacteur) et à l'existence d'une nappe phréatique baignant l’enceinte du réacteur.

Il a fallu s'engager vers un travail de longue haleine : le démantèlement de l’installation. Il consiste en l’évacuation des matières radioactives présentes dans l’installation et l’assainissement complet du génie civil constituant les bâtiments. Ces opérations posent des problèmes de dosimétrie, les travailleurs devant aller au contact des équipements radioactifs pour les démonter, ainsi que de gestion des déchets radioactifs, produits en quantités bien plus importantes que lors de la phase d’exploitation. Les installations en démantèlement font par conséquent l'objet d'un suivi attentif de l’ASN (Autorité de Sûreté Nucléaire), qui pratique des inspections régulières.

Fin décembre 1994, dix ans après son arrêt, la première étape du démantèlement de la centrale est soumise à enquête publique : un démontage de tout ce qui se trouve à l’extérieur de l’enceinte ainsi que de quelques circuits restés à l’intérieur est proposé. L’opération est un démantèlement partiel... en attendant une autorisation de démantèlement complet. En effet, en France, le démantèlement complet et rapide des réacteurs a été choisi, à l’inverse des Anglais ou des Allemands qui, avant de démonter les installations, préfèrent attendre la décroissance naturelle de la radioactivité.

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2007

La demande de démantèlement complet est autorisée puis annulée.

Le 9 février 2006, un décret autorise le démantèlement complet de la centrale de Brennilis. Le Conseil d’État annule ce décret le 6 juin 2007, au motif que l’étude d’impact relative aux travaux de démantèlement n’a pas fait l’objet d’une information suffisante auprès du public. En attendant que l’exploitant prépare un nouveaudossier de demande d’autorisation de démantèlement complet, le chantier est mis à l’arrêt.

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2007

Un rapport d’inspection accablant de l'ASN

Brennilis vu d'avion

Un article paru dans le journal Ouest-France le 12 juillet expose une synthèse des constatations effectuées par des inspecteurs de l’Autorité de sûreté nucléaire, à Brennilis, le 31 mai 2007.

Qu’ont vu les inspecteurs ? Des fûts, contenant des déchets radioactifs produits en 2004 et 2005, "présentent des signes de corrosion externe assez prononcée". La comptabilité du nombre de colis, des tonnages de déchets entreposés ou évacués, semblait très approximative. L’ASN est même très sévère sur ce point. Elle note une "incohérence totale" des données chiffrées. Plus inquiétant encore, concernant l’activité radiologique de certains déchets tritiés (qui contiennent du tritium, considéré comme hautement toxique), l’ASN constate "une forte sous-évaluation.. "

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Septembre 2007

Le Rapport de la CRIIRAD : une émission de rejets radioactifs …

La CRIIRAD (Commission de Recherche et d’Information Indépendante sur la RADioactivité) est une association loi 1901.Lors d’une conférence publique le 22 septembre 2007 à La Feuillée, Bruno Chareyron, ingénieur en physique nucléaire et responsable du laboratoire a fait part de résultats d’analyses réalisés à proximité de la centrale nucléaire de Brennilis.

Extraits d'un article de Hervé Corre du Télégramme: "Nous avons constaté une contamination anormale des plantes et des sédiments prélevés dans le chenal de rejet des effluents de la centrale, chenal qui se jette dans la rivière l’Ellez. Nous avons trouvé des éléments artificiels qui viennent forcément d’une activité nucléaire", affirme Bruno Chareyron. … En quelle quantité ? "Dans des taux très nettement supérieurs à la normale - 3 000 becquerels par kilo pour le Césium 137, là où la norme se situe entre 0 et 50 becquerels - et dans un milieu qui n’est pas apte à les recevoir", répond Bruno Chareyron. Pourtant, selon lui, la centrale n’a pas d’autorisation pour émettre des rejets radioactifs, ni dans l’eau, ni dans l’air. "Nous avons néanmoins mesuré dans l’atmosphère des taux de Tritium (hydrogène radioactif) 30 fois supérieur à ceux constatés à la centrale de Saint-Alban (Isère) qui est beaucoup plus grande", soutient le physicien... "Le démantèlement total n’est pas une entreprise anodine. Car, la radioactivité au cœur du réacteur est encore aujourd’hui de l’ordre de 100 Sievert/heure. Ce n’est pas rien, lorsque l’on sait qu’une simple dose de 6 Sievert/heure est mortelle... », conclut Bruno Chareyron.

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Octobre 2007

Première réponse D’EDF à la CRIIRAD

Ouest-France du 10 octobre 2007 : Charles Plourdeau, porte-parole d’EDF et Bertrand Dubuis, directeur de la centrale nucléaire depuis trois ans, font le point sur le démantèlement. (Propos recueillis par Frédérique Guiziou) : D’où viennent le plutonium et l’américium 124, éléments radioactifs dangereux détectés autour du site, par la CRIIRAD ? C’est inexpliqué. La déconstruction ne génère pas de radioactivité.

Existe-t-il une solution pour les déchets les plus radioactifs ? Une fois déconstruit, où partira le bâtiment réacteur, forcément irradié ?

Enlevé en 1985, le combustible est entreposé à Cadarache (Bouches-du-Rhône) dans une installation provisoire. Il faut lui trouver une destination "ultime". Nous avons aussi prévu de construire une installation intermédiaire à Bugey (Ain), pour stocker Brennilis...

 

Deuxième réponse d’EDF à la CRIIRAD

Le Télégramme du 29 Novembre 2007. "Le plutonium détecté dans le chenal de rejet des eaux du site de Brennilis provient de l’activité passée de la centrale nucléaire. EDF l’a annoncé hier pour la première fois en public. En revanche, l'autre élément radioactif serait d’origine naturelle."

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2007 - 2014

La reprise des travaux

Après avoir fonctionné à petite vitesse pendant 20 ans, sans souci apparent, il semble bien que le réacteur ait contaminé son milieu (air et nappe phréatique), sans que les habitants n'en soient informés. Si la centrale de Brennilis a été une ressource pour certains habitants des Monts d’Arrée, c’est aussi un gouffre financier. Selon la Cour des comptes, le démantèlement aurait déjà coûté 480 millions d’euros. Et le démantèlement partiel n'est pas terminé... en attendant l'autorisation de démantèlement complet. En effet, en France, le démantèlement complet et rapide du réacteur a été choisi, à l’inverse des Anglais et des Allemands qui préfèrent attendre la décroissance naturelle de radioactivité. Pourtant, les déchets hautement radioactifs qui seront produits n’ont toujours pas de solution de stockage.

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Juillet 2008

Dépôt d'un dossier de demande d’autorisation de démantèlement complet

A la suite de l’annulation par le Conseil d’État, le 6 juin 2007 du décret n°2006-147 du 9 février 2006 autorisant le démantèlement complet de la centrale nucléaire des Monts d’Arrée, EDF dépose le 25 juillet 2008 un nouveau dossier de demande d’autorisation de démantèlement complet.

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Décembre 2008

Création d'une CLI (Commission Locale d’Information)

En application d’une circulaire du Premier ministre du 15 décembre 1981, des Commissions locales d’information ont été mises en place dans les années 1980 autour de la plupart des installations nucléaires, à l’initiative des conseils généraux. Une CLI relative aux installations nucléaires de Brennilis est créée le 29 décembre 2008. Elle est composée de parlementaires, d’élus locaux, d’associations, d’organisations syndicales des salariés d’EDF, de représentants du monde économique. Selon le site de l'ASN : La CLI assure une mission d’information et de concertation en matière de sûreté nucléaire et d’impact sur les personnes et l’environnement. Elle reçoit les informations nécessaires à sa mission de la part de l’exploitant, de l’ASN et des autres services de l’État. Elle peut faire réaliser des expertises ou faire procéder à des mesures relatives aux rejets de l’installation dans l’environnement. Elle est financée par les collectivités territoriales et par l’ASN. Mais le soutien de l’ASN aux CLI ne se limite pas aux aspects financiers. L’ASN considère en effet que le bon fonctionnement des CLI contribue à la sûreté par l’interpellation régulière des responsables et qu’il est un élément important de la "démocratie écologique".

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Mars 2010

Avis défavorable au démantèlement complet  pour cause d'absence de filière de retraitement pour les déchets

La commission d’enquête publique sur le démantèlement complet de l’ancienne centrale nucléaire de Brennilis a émis à l’unanimité un avis défavorable au projet présenté par EDF (conclusions consultables sur le site de la préfecture du Finistère). La commission a relevé l'absence de filière de retraitement pour "un certain nombre de déchets produits lors du démantèlement du cœur du réacteur". Une telle filière pourrait être opérationnelle en 2013 selon l'ASN qui incite EDF à déposer un nouveau dossier de démantèlement complet.

La commission demande l’achèvement dans les plus brefs délais de la phase IIdu démantèlement. Elle vise à autoriser EDF à achever le démantèlement des installations annexes au bloc réacteur de la centrale (station de traitement des effluents, ancien chenal de rejets, échangeurs de chaleur) et l’assainissement des zones de pollution diffuse.

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Novembre 2011

Au journal officiel : autorisation de rejets radioactifs dans l'environnement

Communiqué du 22 novembre 2011 des 7 associations (Agir pour un environnement et un développement durables, Bretagne vivante, Consommation logement et cadre de vie, Eau et rivières de Bretagne, Groupement Mammalogique Breton, Sortir du nucléaire Cornouailles, Vivre dans les monts d’Arrée). Un arrêté est paru au Journal Officiel autorisant la centrale nucléaire de Brennilis à des rejets radioactifs dans l’environnement, mettant fin à 44 années d’illégalité depuis sa mise en service en 1967.

La centrale de Brennilis a réussi ce tour de force de l’impunité : rejeter sans autorisation légale pendant tout ce temps-là. C’est ce que Bruno Chareyron, ingénieur de la CRIIRAD avait pointé lors de sa conférence en septembre 2007 à La Feuillée, obligeant EDF à reconnaître la contamination radioactive du chenal due aux rejets de la centrale.

Et les rejets de cette centrale à eau lourde en fonctionnement ont été gigantesques, plus que ceux de l’usine d’extraction de plutonium (dit « de retraitement ») de La Hague, pourtant eux-même plus élevés que l’ensemble des rejets des centrales en fonctionnement.

Quel a pu être l’impact sanitaire de tels rejets ? Le médecin de Commana (aujourd’hui décédé) s’interrogeait sur l’inflation de cancers et autres pathologies observées chez ses patients. Michel Marzin, ancien technicien de la centrale, a fait le bilan chez ses collègues : la moitié de ceux qui ont travaillé sur les circuits tritiés sont décédés avant l’âge de la retraite.

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Décembre 2011

EDF remet au Gouvernement, un nouveau dossier de demande d’autorisation pour réaliser un démantèlement complet de l’installation

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Été 2012

Reprise du démantèlement partiel

Site de l'ASN :EDF a été autoriséeà procéder à des opérations de démantèlement partiel de l’installation nucléaire, qui concernent les échangeurs de chaleur situés dans l’enceinte du réacteur et l’ancienne station de traitement des effluents. Le décret autorise également les opérations d’assainissement de l’ancien chenal de rejets des effluents radioactifs de la centrale dans le cours d’eau mais il exclut le démantèlement du bloc réacteur.

 

Schema échangeur annoté

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Ouest France (M Demeaux ) : Le démantèlement partiel a commencé cet été. 1 500 tonnes de terre "faiblement" radioactive, ont été mises en sacs et seront dirigées vers un site de stockage dans l’Aube.

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Octobre 2012

Le démantèlement complet repoussé pour la 3éme fois

L’ASN considère que le dossier de demande d’autorisation de démantèlement complet déposé par EDF le 29 décembre 2011 n’est pas recevable.

Site ASN22/10/2012 - Note d'information Déconstruction de la centrale nucléaire EL4 de Brennilis - L’ASN a été sollicitée par le Gouvernement pour se prononcer sur la recevabilité du nouveau dossier de demande d’autorisation de démantèlement complet, avant qu’il ne soit soumis à enquête publique. L'ASN considère que ce nouveau dossier ne permet pas d’appréhender tous les enjeux liés au projet de démantèlement : la construction de l'Installation de Conditionnement et d'Entreposage des Déchets Activés à Bugey dans l’Ain, est en effet désormais à l’arrêt du fait de l’annulation de son permis de construire, confirmée par la cour administrative de Lyon le 19 juin 2012. Cette installation devait permettre l’entreposage de déchets activés provenant du démantèlement de la centrale de Brennilis.

Ouest France du 3 octobre 2012 (Mickaël Demaux) : Cet été, la justice a prononcé l’annulation du permis de construire d’ICEDA… Ce site devait accueillir les déchets de Brennilis.

 

Demantelement tellement dement

 

Conséquence : hier soir, à Quimper, la CLI des Monts d’Arrée, a appris que l'ASN ne validera pas le dossier de démantèlement total de Brennilis. La raison ? "À l’heure actuelle, aucun site ne peut accueillir les déchets du cœur nucléaire de Brennilis." indique Pierre Maille, le président de la CLI.

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Décembre 2014

Le démantèlement partiel se poursuit

Les opérations d’assainissement de l’ancien chenal de rejets des effluents radioactifs de la centrale sont terminées. Les échangeurs de chaleur situés dans l’enceinte du réacteur ont été partiellement découpés .Ce travail se poursuit actuellement. Le démontage de l’ancienne station de traitement des effluents va démarrer prochainement.

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