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27 questions à poser aux experts de la CNE,

Commission nationale d’évaluation des travaux de l’ANDRA.

 

Peut-on aujourd’hui faire confiance en la capacité d’évaluation

Portrait de Pierre BEREST

de Pierre BEREST (président du Comité de pilotage de STOCAMINE), et

Portrait Emmanuel LEDOUX

d’Emmanuel LEDOUX, (membre du même comité),

tous deux spécialistes de l'enfouissement des déchets à STOCAMINE ?

Chaque année la CNE rédige un rapport sur son évaluation des travaux de l’ANDRA.

L’ANDRA, experte en communication (son premier métier) se fait un plaisir à chaque fois d’en extraire les éléments positifs, et de les publier. Quelques perles :

Dans le Journal de l’ANDRA, hiver 2013 : "Un avis favorable pour Cigéo. La CNE a remis son rapport annuel... Son évaluation est globalement positive pour le projet Cigéo."

Printemps 2010  : "La CNE a donné un avis positif." 

Printemps 2011 : "La CNE reconnaissait aussi l’excellente qualité des travaux scientifiques réalisés par l’Andra. Un satisfecit général, assorti de recommandations." -

Hiver 2011-2012  : "Un travail remarquable, tant par son ampleur que par sa qualité." 

Ce n’est que propagande. Et si les premières pages des rapports de la CNE sont relativement positives, les doutes et les questions quelque peu embarrassantes apparaissent aux pages suivantes.

Vous pouvez en juger avec cette compilation réalisée à partir des deux derniers rapports : CNE2 n°5 et CNE2 n°6, ainsi que leur présentation à Ligny-en-Barrois, le 13 mars 2012, et à Bar-le-Duc, le 4 avril 2013.

 

Quelques exigences et questions posées à l’ANDRA,

et dont on attend encore les réponses :

 

1 - La modélisation du comportement de l‘argilite du Callovo-Oxfordien

La modélisation est rendue difficile par la présence simultanée de phénomènes physiques variés (mécaniques, hydriques, hydromécaniques, thermiques et chimiques).

La CNE recommande de progresser au plus vite vers un modèle prédictif robuste. Elle souhaite que lui soient présentées les hypothèses et les conclusions de la modélisation hydrogéologique, afin de préciser le rôle hydraulique des failles bordières de la zone de transposition qui pourraient jouer un rôle sur la diffusion de radionucléides depuis le stockage vers les aquifères encaissants. Cet outil de modélisation étant incontournable...

Les lois de comportement macroscopiques des galeries et alvéoles à l’échelle séculaire paraissent moins solidement étayées. La CNE souhaite qu'un programme d’étude lui soit présenté.

La couche du Callovo-Oxfordien est le siège de plusieurs perturbations : température, pression de l’eau interstitielle, contraintes mécaniques, diffusion-advection de l’hydrogène. La CNE estime que des recherches plus approfondies devraient être conduites et souhaite que les résultats lui soient présentés.

Concernant les déchets vitrifiés : la dissolution du verre étant nettement plus rapide au dessus de 50 °C, la CNE aimerait avoir la certitude que la température sera inférieure à 50 °C au moment où l’eau peut entrer en contact avec le verre.

Les rôles respectifs du fluage de la matrice argileuse et de la propagation des microfissures apparaissent encore mal hiérarchisés. La CNE encourage la poursuite de ces travaux.

La CNE estime que le dimensionnement du revêtement des ouvrages doit reposer sur des bases scientifiques robustes.

2 – L’étanchéité du stockage

Les puits et descenderies traverseront des terrains calcaires aquifères ou karstifiés. Il faudra s’assurer que les eaux ne s’infiltreront pas dans les niveaux sous-jacents.

3 - La longueur des alvéoles HAVL

Les alvéoles ont été allongée de 40 à 80 m. La faisabilité n’est pas encore testée. Le risque accru de perte d’alignement qui rendrait plus difficile le retrait des colis doit être analysé.

La CNE rappelle :

- son opposition à l’ouverture des alvéoles des deux côtés, (pour faciliter la ventilation) en raison de leur impact sur la sûreté et la réversibilité.

- l’imprécision de l'étude de la température maximale du massif après 1000 ans.

- la nécessité des essais à l’échelle 1 pour asseoir complètement la compréhension des phénomènes.

4 - L’ovalisation du chemisage de 70 cm (pour les HA)

Les calculs d’ovalisation pour dimensionner l’épaisseur du chemisage en acier (45 mm) comportent encore des incertitudes sur les rôles : de la pression de l’eau derrière le chemisage - de la température - de la pression totale des terrains. La CNE attend un exposé complet et un cahier des charges.

La CNE estime que seuls des essais réels en place seront susceptibles d’entraîner la conviction quant au risque d’ovalisation.

5 - Les colis bitumineux

La CNE exige de recevoir pour décembre 2014 une démonstration en vraie grandeur avec une analyse de sûreté (réalisée conjointement par l’ANDRA et le CEA) du comportement du colis primaire et de son conteneur, dans les conditions les plus pénalisantes. La CNE demande expressément que le protocole d'essai lui soit présenté au préalable.

6 - Les ventilations du stockage

La CNE a demandé à l’ANDRA en mars 2013 (un peu tard non ?) ce qui va sortir exactement des ventilations, et attend la réponse, qui sera analysée dans le rapport N°7.

Et bien, rien à ce sujet dans le rapport n° 7 !

7 - Les scellements

La question des scellements constitue jusqu’ici un point faible du dossier.

Jean-Claude Duplessy déclare : « Nous considérons que l’ANDRA les avait peu testés. Nous lui avons fait une remarque acerbe, et l’ANDRA doit nous présenter de nouveaux résultats... Il faut que nous ayons, nous, l’assurance qu’avec les moyens de la technologie actuelle, on ne laissera pas une situation qui soit floue pour nos successeurs. »

Les résultats des essais technologiques partiels ne sont pas à la mesure de ce qui est souhaitable. 

Dans son rapport n° 3 de 2009, la CNE indiquait : "De nouvelles expérimentations sont prévues avant 2015, mais la Commission a déjà demandé qu’on fasse un bilan critique de la position théorique du problème qui paraît beaucoup trop rudimentaire… La Commission renouvelle cette demande déjà formulée à plusieurs reprises."

8 - La réversibilité

La crédibilité de la réversibilité exige que sa faisabilité soit complètement vérifiée. Dans l’éventualité de remonter un colis, doivent être précisés : les circonstances – les scénarii envisagés - le mode de décision - le coût et les risques pour les opérateurs - les incertitudes sur la nature et la localisation des colis – les garanties d’accès aux puits, galeries et alvéoles – le rythme de déstockage – la décontamination et l'entreposage - les limites à la réversibilité - ses conséquences sur la sûreté du stockage… car il pourrait être difficile de renvoyer des colis défaillants chez les producteurs d'origine.

Jean-Claude Duplessy précise : « J’ai écrit et j’ai demandé à l’ANDRA qu’il y ait des démonstrations de réversibilité et pas dans le laboratoire, mais dans les premières alvéoles qui seront faites… Il faut qu’au bout de dix ans, ou de vingt ans, ce soit ouvert, et que ces exercices de réversibilité à différents niveaux soient contrôlés par l’Autorité de Sûreté Nucléaire. »

9 - Un module d’entreposage pour la décroissance thermique ? Inquiétant, non ?

Ce module évoqué à plusieurs reprises dans des documents de l'Andra permettrait d'accueillir, dans une structure de 725 à 2 000 m3, des colis dont la puissance thermique aurait déjà décru durant une première période d'entreposage à La Hague. Ce projet devrait faire l'objet d'une procédure spécifique.

10 - La sous-traitance

La maîtrise d’œuvre système de CIGéo a été confiée à TECHNIP et INGEROP. Inquiétude de la CNE quant à la sous-traitance : elle souhaite que l’ANDRA conserve la maîtrise d’œuvre.

Rappelons que l’ANDRA est une adepte de la sous-traitance. Exemples : la gestion du Centre de Stockage de Soulaines est sous-traitée à STMI, filiale d’AREVA, et à ENDEL, filiale de GDF-SUEZ. (lire page 4) - La gestion du centre de Morvilliers, elle, est sous-traitée à SARP industries, filiale de Véolia-Propreté.

11 - Les coûts du stockage

Les producteurs de déchets ont contesté l’évaluation de 35,9 milliards d’euros. Ils ont présenté le projet STI : coût estimé à 14,4 milliards d’euros. La CNE attend des éclaircissements, et des informations précises : sur la clef de répartition des coûts entre les différents producteurs de déchets, sur une tarification de l’électricité, et sur le coût d'une opération de retrait de colis.

12 - Un calendrier trop tendu ?

Des questions subsistent. L’examen du dossier de DAC offrira l’occasion de vérifier si des réponses satisfaisantes ont été apportées. Si ce n’était pas le cas, la CNE conseillerait qu’on prenne le temps d’un approfondissement des études.

13 - Conclusion :

La CNE aurait-elle le pouvoir de dire NON au projet CIGéo ?

Jean-Claude Duplessy : « On a toute une série de questions, il y a des choses sur lesquelles on n’était pas très satisfait, sur lesquelles on pensait qu’il fallait des compléments d’études. L’ANDRA nous dit qu’on aura la réponse dans la Demande d’Autorisation de Création »

L’examen en 2015 de la demande de création du stockage sera un jalon important ; il offrira à la CNE l’occasion de vérifier si des réponses satisfaisantes auront été apportées aux questions posées dans le présent rapport. Si ce n'était pas le cas, la CNE recommandera de surseoir à l'autorisation de création. 

Cette phrase extraite de la page 3 du rapport n°6 est-elle une menace ou un leurre ?

 

Rapport n° 7

 

Pas grand chose de nouveau dans le rapport n°7. On a l'impression que tout a été dit dans les rapports précédents. Et le conseil de classe qu'est la CNE conserve son attitude vis à vis de l'élève ANDRA : "A bien travaillé, a fait des efforts, restent quelques lacunes - avis favorable pour passer à l'étape suivante".

Nouveau :

14 - La notion de tranche 1 de Cigéo. Avec un programme d’accompagnement scientifique et technique que l'ANDRA devra mener pendant la réalisation des travaux. Exigence de la CNE : un échéancier doit être impérativement disponible avant le dépôt de la DAC.

Précision : les colis MAVL, qui présentent une grande diversité, devraient être stockés à partir de 2025. Les colis HA, eux, fortement exothermiques ne seraient stockés qu'à partir de 2075.

15 - Sûr, l'ANDRA a décidé de porter à 500 m au lieu de 400 la longueur des alvéoles MAVL pour réduire les coûts. La CNE estime que les conséquences de cet allongement devront être analysées, vis à vis de la réversibilité et du co-stockage de différentes familles et sous-familles dedéchets.

16 - A propos des barrières, la CNE reconnaît que :

# - les verres et l'argilite sont des barrières efficaces pour des centaines de milliers d'années. Cette durée suffit à abaisser leur nocivité à un niveau tel qu'elle ne pose plus de problème pour les populations vivant au-dessus du stockage.

# - la conception de CIGéo (puits, galeries, alvéoles, ventilation, scellements) et la mise au point des méthodes et procédures nécessaires à sa sûreté, sont en cours d'étude. Des progrès significatifs ont été réalisés en matière de modélisation des processus de transferts de fluides au sein du Cox. Les actinides migrent si lentement dans l’argilite qu’ils ne peuvent pas contribuer à une radioactivité détectable à l’exutoire. Les études sont assez avancées pour engager la phase industrielle.

17 - Il reste une incertitude sur la géométrie précise de l'enveloppe du COx à son sommet. Il faudra en tenir compte dans l’architecture générale de l’ouvrage pour assurer les épaisseurs requises d’argilite au-dessus et en-dessous des zones de stockage.

18 - Les esquisses Cigéo prennent en compte les exigences de sûreté, notamment en matière d’incendie. L’effort doit porter sur la réduction des quantités de matières inflammables, les dispositifs d’alerte, la tenue au feu des structures de génie civil, et la gestion d’un incendie.

19 - La CNE rappelle sa demande d’étude complémentaire sur les bitumes auto-inflammables qui doit lui être remise d’ici à la fin de 2014.

20 - Des études poussées sont encore nécessaires pour accepter les déchets contenant :

# - des métaux pyrophoriques, qui, comme le sodium, l’aluminium et le magnésium, ont la propriété de pouvoir s’enflammer spontanément à l’air.

# - des produits organiques qui dégagent de l’hydrogène, des alcanes et de l'acide chlorhydrique.

21 - La CNE juge que l’ANDRA et les producteurs ont acquis un très bon niveau de connaissance sur le conditionnement des coques et embouts. Reste à garantir l’absence de risque de criticité.

22 - A propos de réversibilité, la CNE rappelle la nécessité de conduire des exercices de récupération de colis. La CNE ne fait pas référence à Stocamine, mais remarque que l'évolution des chambres de stockage de la mine d’Asse aurait été plus facile à contrôler, si les ouvrages avaient été conçus "réversibles" pendant toute l'exploitation du stockage.

23 - Cigéo devra avoir une flexibilité suffisante, pour prendre en charge la grande variété des déchets MAVL et s’adapter aux évolutions possibles de la politique énergétique.

24 - Dans les rapports précédents le scellement était un point faible. Aujourd'hui pour la CNE l’Andra aurait lancé un programme ambitieux d’étude des scellements.

Mais pour la CNE la conviction ne sera acquise que par des essais à l'échelle 1, réalisés dans les conditions réelles. Or il s’agit d’ouvrages de trop grandes dimensions pour être installés dans le laboratoire souterrain. De plus, l’hydratation et le gonflement naturel sont des processus très longs, étalés sur des centaines d’années.

S'ajoute le problème du contact avec les parois des galeries, qui va nécessiter la dépose partielle des revêtements.

Nécessité également d'une analyse de performance du béton et de la bentonite à très long terme, ainsi qu'une démonstration de la faisabilité industrielle de leur mise en place dans les conditions du fond.

La question des scellements, chargés d’assurer une redondance de confinement de la radioactivité, ne pourra donc pas être traitée de manière complète dans la DAC en 2014 !

D'où le recours à la modélisation. Mais la modélisation du comportement des scellements se heurte à des difficultés particulières : l’équilibre hydromécanique du noyau ne sera atteint qu’après un millier d’années au moins, d'où l'importance de l’extrapolation à long terme des évolutions des matériaux. La CNE souhaite que les aspects mécaniques et hydriques qui sont encore décrits en termes généraux, lui soient plus complètement présentés.

La CNE n'a pas peur de déclarer que ce n’est pas rédhibitoire à ce stade, si l’ANDRA poursuit son programme de recherche en intégrant le retour d’expérience des autres pays.

Elle ose même écrire que cette question ne se posera que lors de la fermeture du stockage, donc dans plus d’un siècle, de sorte que des résultats expérimentaux complets ne sont pas encore indispensables au stade actuel.

25 - Sur le plan des relations avec les parties prenantes, la CNE souhaite une plus grande concertation et plus en amont de tout dépôt de dossier, notamment de celui de la DAC.

26 - La CNE rappelle que l'ANDRA doit fournir rapidement une évaluation fine du coût de la première tranche du projet.

27 - Conclusion : pour la CNE, le concept Cigéo apparaît à présent industriellement crédible.

Et malgré le contenu de ces 4 pages, la CNE déclare que l’Andra prend en compte les exigences de sûreté, de sorte qu’il n’y a pas de raisons scientifiques ou techniques de surseoir à la poursuite du processus d’élaboration de la DAC.

Alors peut-on faire confiance en la CNE ? La CNE ne serait-elle pas une entité voyou ?

Association La Qualité de Vie - 8 route de Soulaines - 10200 VILLE-SUR-TERRE - cne@villesurterre.com

 

 

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28/03/24
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