C’était un grand bonhomme !
Il s’appellait Roger BELBEOCH.
Il a beaucoup oeuvré pour la sortie du nucléaire, en compagnie de son épouse Bella.
Le 27 décembre, à l’âge de 83 ans, il s’en est allé rejoindre Solange FERNEX et tant d’autres dans l’Eden des anti-nucléaires. Têtu comme il était, il aura refusé l’Enfer. Chacun sait que l’Enfer est chauffé au nucléaire.
Il avait une bonne tête de professeur, de savant.
Passer 4 heures en tête à tête avec Roger Belbéoch et Bella Belbéoch laissait quelques souvenirs, une longue liste de conseils et une certaine envie de ne pas lâcher le morceau.
Comme Bella, il refusait d’être photographié et avait une haine profonde pour la vidéo.
Je me suis fait jeter avec ma caméra...
C’était un homme d’écriture. Mathias le confirme :
Roger considérait que les photos n'apportaient pas d'information, que seuls comptaient les propos d'un auteur, et qu'une photo n'était qu'une décoration nuisible aux éléments de réflexion qu'il y avait dans les textes, c'est pourquoi il n'a jamais joint sa photo à un de ses textes.
Néanmoins Guillaume a découvert ce rare document vidéo. Téléchargement possible.
Monique SENE a promis de dresser prochainement un portrait de Roger Belbéoch. En attendant voici quelques faits marquants d’une riche vie, dont ceux communiqués par Chantal.
Sortir du nucléaire, c'est possible, avant la catastrophe. C'est avant l'accident qu'il faut agir. Après, il n'y a plus qu'à subir.
Jusqu’à son dernier souffle, inlassablement, Roger Belbéoch s’est battu pour cela avec Bella, démontant les mensonges de la propagande nucléaire, apportant ses connaissances et sa contre-expertise scientifique, recoupant l’information.
Dans leur vie professionnelle, utilisateurs d'installations productrices de rayonnement, Roger Belbéoch et Bella s’intéressent aux effets biologiques des rayonnements ionisants qui, depuis plus de 25 ans, sont à l'origine de leur questionnement sur les dangers de l'énergie nucléaire. Ils publieront :
Nucléaire et Santé - 1978, édité par le CCPAH, Comité Contre la Pollution Atomique à La Hague. Assises internationales du retraitement, Equeurdreville, 21-22 octobre 1978. Compte-rendu de la Commission Nucléaire et santé, 68 pages.
Le risque nucléaire et la santé - 1981, in Pratiques ou Les cahiers de la médecine utopique, n°45, février-mars 1981. Revue du SMG, Syndicat de la médecine générale. Le SMG a édité l'article sous forme de tiré à part (66 pages) qui a été diffusé par la CNAN, Coordination nationale antinucléaire.
Santé et Rayonnement - Effets cancérigènes des faibles doses et rayonnements. 1988 - Collaboration GSIEN/Criirad. Traduction Roger et Bella Belbéoch. L'article .
Les effets biologiques des faibles doses de rayonnements
Le système international de radioprotection est fondé sur des données fausses.
Société nucléaire - 1990, in Encyclopédie philosophique universelle. Les Notions philosophiques , tome II, pp. 2402-2409, Presses Universitaires de France, août 1990.
Les effets biologiques du rayonnement - 1990 - résumé - et Les Mythes de la radioprotection - résumé - in La Radioactivité et le vivant, Sebes, n° 2 (p. 11-32), Genève, novembre 1990. La revue Sebes (Stratégies énergétiques, Biosphère et Société) forum interdisciplinaire indépendant, est la gazette de l'APAG, organe de l'Association pour l'Appel de Genève.
Tchernobyl, une catastrophe. 1992 - Quelques éléments pour un bilan ». L'Intranquille, une libre contribution à la critique de la servitude, n°1, Paris, 1992, pp. 267-373 (B.P. 75, 76960, Notre-Dame-de-Bondeville).
Tchernobyl, une catastrophe - (1993, Éd. ALLIA), épuisé mais en pdf : extraits -
intégralité - interview.
Sortir du nucléaire c'est possible, avant la catastrophe - (1998, Éd. l'Esprit frappeur), analyse.
Comment sommes-nous « protégés » contre le rayonnement ? - 1998 - Les normes internationales de radioprotection. Le rôle de la Commission Internationale de Protection Radiologique » in Radioprotection et droit nucléaire. Entre les contraintes économiques et écologiques, politiques et éthiques, sous la direction d'Ivo Rens et Joël Jakubec, éd. Georg, 1998. Collection Stratégies énergétiques, Biosphère et Société, pp. 43-96. Textes.
Tchernoblues - De la servitude volontaire à la nécessité de la servitude - 2002, Éd. l'Esprit frappeur - Le mensonge politique
Avec Monique SENE, Roger Belbéoch et Bella collaborent à la Gazette Nucléaire, revue éditée par le GSIEN, Groupement de Scientifiques pour l'Information sur l'Energie Nucléaire.
Roger Belbéoch était directeur de la publication STOP-NOGENT.
En novembre 2010, Roger Belbéoch téléphonait à Chantal pour informer qu’il avait découvert, peu après Tchernobyl, les rejets radioactifs illégaux et gigantesques de la centrale nucléaire de Brennilis.
Au lendemain de Fukushima, Bella et Roger avaient tout de suite diffusé ce cri d’alerte que SDNC avait relayé : 140 000 personnes abandonnées en zone contaminée.
La CRIIRAD a tenu à manifester sa reconnaissance à Roger Belbéoch :
Roger avait la capacité d'analyser les problèmes du nucléaire en dehors de tout schéma établi et de toute compromission. Ses analyses effectuées avec une lucidité, une compétence et une rigueur hors du commun nous ont alertés depuis longtemps sur les risques liés à l’industrie nucléaire…, risques confirmés par les catastrophes de Tchernobyl, puis de Fukushima. Roger a toujours recherché la vérité, mais pas les récompenses ou les honneurs. Il laisse un vide que l’on ne pourra pas combler. Ses nombreux écrits sont heureusement là pour nous éclairer et nous aider dans le long et difficile combat contre la désinformation. A Bella, sa compagne, la CRIIRAD exprime sa profonde tristesse et renouvelle son amitié sincère.
Le réseau SDN a timidement relayé l’article de Mediapart .
Effectivement Roger Belbéoch était un antinucléaire radical, ce qui le conduisait par exemple à considérer le charbon propre comme un moindre mal pour échapper à la fois au désastre nucléaire et au réchauffement climatique. Mais ses informations étaient fiables, et ses analyses rigoureuses.
Un ancien administrateur du réseau SDN rappelle que Roger Belbéoch s'est battu depuis longtemps en solitaire. Revendiquant depuis longtemps la sortie immédiate du nucléaire, il a été quelque peu en désaccord avec le réseau SDN, lui reprochant de défendre des délais de sortie insupportables face à la menace d'accident. Il a défendu l'idée que cette sortie devait impérativement s'accompagner de consommation de fossiles sans attendre ni les renouvelables, ni les économies d'énergie. Ce faisant il ne s'est pas fait d'amis non plus parmi ceux que le réchauffement climatique inquiète.
Laurent Samuel regrette que seuls Médiapart et Reporterre se soient fait l’écho de la mort de cette figure certes peu médiatique, mais capitale dans l’histoire du mouvement antinucléaire français.
Reporterre reproduit une de ses analyses, toujours pertinentes, sur le lien entre le nucléaire, les accidents, et la démocratie :
Combien il est regrettable que de petites divergences qui d’ailleurs méritent débat conduisent au silence, au refus du devoir de mémoire, voire à l’indifférence.
Non, Roger Belbeoch est grand bonhomme.
Un proche confirme : Roger Belbeoch n'aimait pas les chichi. Par ailleurs il était aussi sensible (intérêt pour les arts et les animaux) qu'intelligent, extrêmement intelligent. Que si on faisait l'effort d'aller outre son mauvais caractère on découvrait ensuite un continent de richesse intellectuel et moral inouï, et il était en plus relativement facile de devenir son copain ensuite. Moi, j'ai tout appris sur le nucléaire grâce à lui et à Bella, mais aussi sur des façons de faire, d'analyser, avec un peu plus de rigueur. Je lui dois beaucoup, et je dois rappeler sa disponibilité à l'autre.
Maintenant il nous faut reprendre le flambeau et nous battre pour l'arrêt immédiat du nucléaire, c'est le plus grand hommage qu'on pourrait lui rendre.
Comme l’écrit Véronique :
un défenseur de la vie nous a quitté, merci Roger pour tout ce que tu as fait. Poursuivons la lutte.
et Wladimir de conclure :
J'ai bien connu Roger. Il est parti, on continue.
La lutte continue.
La vie continue.
Meilleurs voeux à la famille de Roger.
Meilleurs voeux à la sortie du nucléaire.
Meilleurs voeux à tous les lecteurs.
Michel GUERITTE
Une rare photo de Roger prise lors du Congrés THE WORLD URANIUM HEARING, SALZBURG 1992
Le mot du CRILAN
Nous avons appris avec tristesse le décès de Roger BELBÉOCH.
Roger BELBÉOCH fut l’un des premiers scientifiques venus nous aider dans nos luttes, ici, en Cotentin dans les années 1970...
Nous nous souvenons parmi ses nombreuses interventions,
- de sa participation aux Assises du Nucléaire, dont le CRILAN était partie prenante, à Equeurdreville en 1978 où il a attiré l’attention sur les effets des faibles doses de radioactivité sur la santé,
- de son analyse critique du premier plan particulier d’intervention en cas d’accident nucléaire à la Hague, publié en 1979, dans laquelle, relevant l’énorme surnombre de mesures policières et militaires par rapport aux mesures sanitaires, il accusait celui-ci de préparer la concentration en camp des travailleurs et populations irradiés et contaminés; analyse reprise dans une revue du CRILAN, après le 15
avril 1980, date à laquelle on avait frôlé l’accident critique à la Hague.
Le mot de J.L.
Je ne voulais pas intervenir, néanmoins attention il ne faut pas faire de Roger un simple opposant... Il était plus que ça : il avait écrit sur les faibles doses, sur les normes, il fut un des premiers, sinon le premier à mettre en avant la catastrophe comme cause d'opposition au nucléaire, c'était un homme intègre sur le plan intellectuel et moral, rigoureux dans ses écrits, un type bien. Il aimait les animaux.
Le mot de la CRIIRAD
La CRIIRAD tient à manifester sa reconnaissance à Roger Belbéoch. Roger avait la capacité d'analyser les problèmes du nucléaire en dehors de tout schéma établi et de toute compromission. Ses analyses effectuées avec une lucidité, une compétence et une rigueur hors du commun nous ont alertés depuis longtemps sur les risques liés à l’industrie nucléaire…, risques confirmés par les catastrophes de Tchernobyl, puis de Fukushima. Roger a toujours recherché la vérité, mais pas les récompenses ni les honneurs. Il laisse un vide que l’on ne pourra pas combler. Ses nombreux écrits sont heureusement là pour nous éclairer et nous aider dans le long et difficile combat contre la désinformation. A Bella, sa compagne, la CRIIRAD exprime sa profonde tristesse et renouvelle son amitié sincère.