4 février 2014
Article de l'Est Républicain par Sébastien Georges
Bure/Cigéo : les citoyens veulent plus de garanties
La conférence citoyenne lancée par la Commission nationale du débat public (CNDP) en marge du débat public sur le projet de centre de stockage géologique de déchets radioactifs à Bure Cigéo, a rendu sa copie hier matin.
La conférence citoyenne lancée par la Commission nationale du débat public (CNDP) en marge du débat public sur le projet de centre de stockage géologique de déchets radioactifs à Bure Cigéo, a rendu sa copie hier matin. Même s’il n’est que consultatif, cet avis, adopté à l’unanimité des 17 membres, était très attendu. Il sera transmis au gouvernement, au parlement et à l’Andra en marge des bilans de la CNDP. En dépit des critiques sur l’opportunité de demander à des « naïfs » un avis sur un sujet aussi sensible, les 17 citoyens, dont la moitié sont Meusiens et Haut-Marnais, ont livré un avis nuancé mais argumenté. Ils ne sont « pas hostiles a priori à Cigéo ». Même s’ils n’ont pas eu toutes les réponses à leurs questions, ils estiment qu’il est urgent d’attendre mais refuse de renvoyer la question aux générations futures.
Ne se prononçant pas sur le nucléaire et effleurant la transition énergétique dont la prochaine loi contient, à la surprise des opposants, un volet sur Cigéo, ils estiment que « l’enfouissement permettrait une sécurisation à long terme mais il ne doit pas être d’emblée définitif ». Ils s’interrogent sur la méthode en pointant le calendrier (l’Andra et l’IRSN envisagent de le modifier, cf notre édition d’hier), le besoin d’une phase de test grandeur nature et la poursuite de la recherche de solution alternative (transmutation) à l’échelle européenne. « Il n’y a pas réellement d’urgence à décider du projet Cigéo puisque les déchets actuels vont devoir refroidir au moins 60 ans. Il y a le temps de se donner les moyens de trouver des solutions alternatives ou complémentaires et de réaliser une expérimentation en grandeur réelle. Cigéo ne doit pas empêcher de chercher d’autres solutions ». Misant sur les progrès techniques, les citoyens veulent pouvoir récupérer les colis et s’opposent à l’Andra : « Il nous semble important de s’assurer de la récupérabilité des colis le plus longtemps possible car la récupérabilité est la condition sine qua non de la réversibilité. Elle nous semble nécessaire jusqu’à la fin de la période d’exploitation ».
Développement économique au territoire : contrepartie des servitudes
Le panel citoyen multiplie les recommandations : transporter les déchets par train jusqu’au pied du site, études sanitaires « en amont », vérification du potentiel géothermique. Enfin, il est préoccupé par la transmission de la mémoire d’un site « potentiellement dangereux pour l’humanité » et souhaite que Cigéo profite à la Meuse et la Haute-Marne : « Le financement du développement des infrastructures pour que le projet soit viable est la juste contrepartie des servitudes entraînées pour le territoire ».
Cette analyse renvoie dos à dos les acteurs du projet tout en demandant à l’Andra de travailler davantage même si elle lui donne acte de mener des études complémentaires : « Certains points de sécurité nous semblent rester à approfondir. La question éthique n’a cessé d’être présente dans la détermination de nos choix. Nous avons été guidés dans nos réflexions par la question de sécurité des hommes et de l’environnement ».
Le panel espère que son « avis pourra influencer les décisions qui vont être prises ». D’ores et déjà, les promoteurs et les détracteurs du projet s’en sont saisis. Sur les réseaux sociaux, chacun y voit matière à se réjouir : la confirmation d’être sur la bonne voie et d’être compris pour les uns, la mise en lumière des faiblesses et des incohérences du projet pour les autres.
Télécharger l’AVIS complet de la conférence citoyenne sur le projet de centre stockage des déchets radioactifs à Bure.