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4 février 2014

Le Républicain Lorrain par Xavier Brouet   


Stockage à Bure « reporté » : les opposants méfiants

Au terme du débat public, l’Andra envisage de retarder le calendrier du processus d’enfouissement. « Diversion », dénoncent les anti-Bure qui redoutent plutôt un coup d’accélérateur via le projet de loi sur la transition énergétique.

Décidément irréconciliables, promoteurs du projet Cigéo (Centre industriel de stockage géologique de déchets radioactifs) à Bure et opposants entament un nouveau bras de fer. Pomme de discorde, le calendrier du processus d’enfouissement fait l’objet de spéculations radicalement opposées.

Défini par la loi 2006 complétant la loi Bataille, le programme actuel prévoit une demande d’autorisation en 2015 de la part de l’Agence nationale pour la gestion des déchets radioactifs (Andra) en vue d’un décret d’autorisation en 2018. Pour une mise en service industrielle en 2025. Des échéances que l’Andra, maître d’ouvrage et l’IRSN (Institut de radioprotection et de sûreté nucléaire) envisagent désormais de repousser. Fabrice Boissier, directeur de l’Andra et Christophe Serres, directeur adjoint à l’IRSN, annonçaient samedi leur décision de reporter vraisemblablement à 2017 la demande d’autorisation définitive. Et ce, afin de conduire des investigations supplémentaires concernant le site souterrain susceptible d’accueillir les futurs colis.

« Leurre »

Cette inflexion survient à l’issue de la conférence citoyenne organisée après le fiasco du débat public, boycotté par les opposants. Dans leur avis, le groupe de 17 citoyens, dont 8 vivent en Meuse et les autres un peu partout en France, ne se dit « a priori pas hostile » à Cigéo, mais estime « qu’il n’y a pas d’urgence à décider » du projet. Et de justifier : « Les déchets actuels vont devoir refroidir au moins 60 ans avant toute possibilité de stockage en profondeur. Durant cette période, nous estimons qu’il y a le temps, d’une part de se donner les moyens de trouver des solutions alternatives ou complémentaires, et d’autre part de réaliser une expérimentation en grandeur réelle. » En résumé, rien ne presse.

Pourtant, la coordination Bure-Stop reste sur ses gardes. Dans un courrier adressé le 3 février à Philippe Martin, ministre de l’Écologie, le collectif écolo s’inquiète de la mention de Cigéo dans le projet de loi sur la transition énergétique. « Non seulement le texte ne donne aucun élément tangible sur la mise en oeuvre de la réduction à 50 % de la part du nucléaire, promise par François Hollande. Mais il évoque la bonne santé de la filière électro-nucléaire », dénoncent les auteurs de la missive. « Pire, que fait Cigéo – réversibilité, procédures d’autorisation et missions de l’Andra – dans ce projet de loi ? Où et quand cela a-t-il été soumis au citoyen ? », s’indignent-t-ils en réclamant le retrait « immédiat » du volet Cigéo du projet de loi.

Corinne François (Bure-Stop), décèle dans l’inflexion de l’Andra « un leurre » destiné à masquer la volonté des pouvoirs publics de court-circuiter le calendrier initial pour, au contraire « précipiter le mouvement ». « A-t-on l’intention de glisser très discrètement le feu vert à l’enfouissement des déchets nucléaires les plus dangereux, au sein d’une loi généraliste, en grillant les étapes officielles ? », feignent de s’interroger les anti-Bure, plus que jamais arc-boutés sur la question de la réversibilité de l’enfouissement.

 

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