Projet CIGéo
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7 mai 2014

L’arrivée des déchets repoussée

Après le débat public sur le centre de stockage géologique à Bure, l’Andra aménage son calendrier et un peu son projet.

Une phase pilote retardera l’arrivée des déchets radioactifs.

Personne ne s’attendait à autre chose de sa part. Hier, l’Andra, l’agence nationale en charge de la gestion des déchets radioactifs, a annoncé la poursuite de son projet de centre industriel de stockage géologique des déchets radioactifs les plus dangereux près de Bure dans la Meuse (Cigéo). « Après le débat public riche qui n’a pas remis en cause le projet, il fallait réaffirmer notre volonté. Nous avons de décidé de poursuivre Cigéo », indique François-Michel Gonnot, président de l’Andra. Trois mois après le bilan d’un débat public marqué par la contestation, il ajoute : « Cigéo n’est pas seulement un projet industriel, c’est un projet d’intérêt général et un projet politique ».
L’Andra a néanmoins décidé de modifier le calendrier, de définir un plan directeur révisable pour l’exploitation du stockage (sorte de cahier des charges révu tous les dix ans), d’introduire une demande d’autorisation de création en deux temps (2015 et 2017) et surtout de créer une phase industrielle pilote. Ces petits aménagements, encouragés par l’ASN (Autorité de sûreté nucléaire) et l’IRSN (Institut de radioprotection et de sûreté nucléaire) et réclamés par le débat public, permettent à l’Andra de donner des gages sur l’utilité du débat public sans remettre en cause le travail de ses équipes et son projet. Insuffisant pour les opposants qui réclament l’abandon du projet et dénoncent un complot.


Une phase pilote et une implication plus grande de la société civile


La nouveauté est donc le report de l’arrivée des premiers colis radioactifs initialement prévue en 2025. « À cette date, nous commencerons par une phase industrielle pilote pendant cinq à dix ans. Il s’agit de confronter en grandeur réelle nos choix : les dispositions techniques, la sûreté, la performance des équipements industriels, la capacité à retirer des colis, la surveillance du stockage et les techniques de scellements des alvéoles », explique Marie-Claude Dupuis, directrice générale de l’Andra. Cette installation recevra des colis inertes, factices puis petit à petit des déchets radioactifs de moyenne et haute activité concernés par Cigéo. « Au terme de cette phase pilote, réclamée lors du débat public, nous serons proches du rythme de Cigéo, à savoir 3.000 colis par an et on pourra passer le site en exploitation industrielle courante selon une procédure que devra définir le législateur. Le laboratoire existant, sous-dimensionné et ne pouvant recevoir de radioactivité, ne peut être utilisé pour ça. Il faut construire un nouveau site. Ce sera une installation nucléaire de base d’où la demande d’autorisation de création. Nous avons déjà dépensé 1,5 milliard d’euros et ainsi, nous allons lisser les investissements », précise Marie-Claude Dupuis qui remettra un chiffrage du projet à l’État fin juin (15 à 36 Md€).
L’Andra demandera donc bien une autorisation de création de Cigéo mais, autre nouveauté, en deux fois après la promulgation de la loi sur la réversibilité. « En 2015, nous présenterons le plan directeur et des options sur la récupérabilité des colis pendant un siècle. Puis en 2017, après une nouvelle phase de travail, la demande d’autorisation de création sera finalisée », annonce la directrice générale. Elle parle « de créer la confiance. Nous sommes dans la logique de la loi de 1991 et nous injectons plus de progressivité avec l’implication de la société civile et du CLIS (comité local d’information et de suivi) au rôle renforcé ».
Débat public ou pas, l’Andra avance et espère un lancement des travaux dès 2020. Cigéo dans sa configuration initiale prendrait donc une dizaine d’années de retard avec un stockage industriel des déchets au-delà de 2030.

Déchets acheminés en train et funiculaire

C’était une demande formulée pendant le débat public : privilégier le train. L’Andra a décidé que l’ensemble des colis arriveraient depuis La Hague,
Marcoule, Cadarache sur le site en train et sans rupture de charge. Dès 2015, elle souhaite que les infrastructures qui ne dépendent pas de la
loi (route, transformateur électrique de 400.000 V, alimentation en eau et voie ferrée) commencent à être construites
en perspective de Cigéo. Une nouvelle voie ferroviaire devrait donc être créée vers le stockage depuis Gondrecourt- le-Château pour le relier au réseau ferré national. Selon l’Andra, les « colis resteront tout au plus quelques semaines sur le centre d’arrivée avant d’être acheminés par funiculaire au fond. Nous ne souhaitons pas avoir de moteurs à l’intérieur du site ».

"L’Andra n’estpas sûred’elle"

Du côté des adversaires, Michel Marie (Cedra) estime qu’il « n’y a rien de nouveau sous le soleil. Une phase pilote de cette durée ne nous permettra
pas de comprendre ce qui va se passer pendant cent ans. Si l’Andra juge utile d’en faire une, c’est qu’elle n’est pas sûre de son travail ». Un autre opposant, Michel Gueritte se demande « comment l’ASN va pouvoir donner une autorisation de création alors qu’elle vient d’indiquer qu’en l’état du travail de l’Andra, elle estime ne pas pouvoir le faire. Or la phase industrielle pilote est soumise à une demande d’autorisation de création… Je crois
qu’il va vraiment falloir que l’on se fasse davantage entendre pour montrer la dangerosité de ce projet. Il est possible que les actions se radicalisent
». Nadine Schneider (Bure Stop) dénonce un « saucissonnage destiné à gagner du temps ».


Sébastien GEORGES

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